Projection 3D de la sculpture Allégorie du non-consentement
Description générale
Cette sculpture monumentale représente une figure féminine grandeur nature, engagée dans une marche symbolique. Elle s’inscrit dans la lignée des représentations allégoriques classiques, en réinterprétant la figure de Niké, déesse de la victoire, dont la Victoire de Samothrace constitue le modèle le plus universellement reconnu. Ici, cette référence devient une allégorie contemporaine de la puissance et de la dignité féminine, incarnant une avancée civique.
Le corps exprime, par le seul langage du mouvement, une position claire : celle d’un refus. Le geste est à la fois mesuré et déterminé. Une impulsion visible traverse le corps, dont la posture reprend les grands principes du contrapposto (posture héritée de la statuaire grecque antique présentant un déhanchement marqué), enrichi ici d’une dynamique projetée vers l’avant. La sculpture introduit des éléments de tension et de déséquilibre maîtrisé, dans une composition qui s’appuie sur les traditions académiques tout en les réorientant : le canon héroïque est mobilisé pour représenter une force féminine, digne et affirmée.
Le socle, intégré à l’ensemble, fait partie de la narration : des bras en surgissent, tentant d’entraver la progression de la figure. Ce dispositif ancre la sculpture dans un espace de lecture symbolique clair — celui des résistances passées, des obstacles en cours de dépassement et du chemin à poursuivre. L’œuvre propose ainsi une représentation accessible et forte, en associant une forme patrimoniale immédiatement identifiable à une problématique contemporaine.
Inspirations artistiques
Tronc
Le torse de la figure s’inspire des modèles antiques du Torse Gaddi, de l’Hercule Farnèse et du Laocoon, afin de projeter une tension musculaire dynamique et une mobilisation physique intense. Ce corps, pleinement engagé, s’inscrit dans une tradition de représentation de la lutte et de l’effort héroïque, ici transposée dans une figure féminine. La torsion introduit la notion de mouvement ininterrompu et accompagne l’élan du corps mobilisé dans la posture défensive des membres supérieurs.
Membres supérieurs
Les bras et les mains empruntent leur gestuelle à la tradition iconographique de la peinture religieuse et mythologique européenne, notamment Suzanne et les vieillards — scène de l’Ancien Testament illustrant le harcèlement d’une femme par deux hommes âgés — interprétée par Artemisia Gentileschi, ou Noli me tangere (“ne me touche pas”), scène biblique représentant le Christ ressuscité repoussant un contact physique avec Marie-Madeleine. On y retrouve le geste du refus : bras levé, légèrement fléchi, paume ouverte, muscles contractés — une réponse claire, physique et immédiate à une tentative d’approche.
Ce mouvement n’est pas agressif, mais défensif, presque sacré : il établit une frontière. Il inscrit la sculpture dans une continuité historique où les figures féminines ne sont plus représentées dans l’abandon ou la fragilité, mais dans une affirmation sobre et lisible du non. Le langage corporel ainsi mobilisé, hérité d’un patrimoine commun, permet une réception universelle, sans recours à la violence ou à la confrontation.
Membres inférieurs
La posture des membres inférieurs incarne un mouvement en cours : la figure semble figée dans son déplacement. Le poids du corps est projeté vers l’avant, l’équilibre supporté par la jambe d’appui qui traduit un mouvement entamé, presque irréversible. La jambe arrière, relevée sur la pointe du pied, agit comme une jambe d’élan et exprime l’impulsion. L’écart entre les deux pas symbolise la distance déjà parcourue, le progrès déjà accompli pour les droits des femmes. Le mouvement toujours présent évoque la nécessité de poursuivre cet élan, faisant de la figure une allégorie du progrès et de la marche vers l’égalité.
Cette jambe arrière est en partie entravée par des bras émergeant du socle, agrippant le mollet et la cheville. Ces membres représentent l’emprise — symboles de contraintes sociales — qui cherchent à retenir la progression. Les empreintes des doigts dans la chair reprennent la tradition de la statuaire baroque, où la matière révèle la souplesse de la peau et la vulnérabilité du corps, comme chez Carpeaux (Groupe Ugolin) ou Bernini (L’Enlèvement de Proserpine). Cette citation introduit une souffrance tangible mais inefficace : la figure principale, déjà lancée, ne peut être arrêtée. L’emprise est affaiblie, incarnée seulement par des membres isolés, sans corps, situés en contrebas.
Tête et chevelure
La tête, droite et orientée vers l’horizon, s’inscrit dans la tradition des figures de Pallas Athéna, de Spartacus ou des allégories civiques comme celles de Dalou. Le visage, calme et déterminé, évite toute expressivité excessive pour incarner une autorité silencieuse.
La chevelure, longue et partiellement tressée, occupe une place centrale dans la symbolique. Elle reprend les codes esthétiques des représentations classiques tout en évoquant un héritage médiéval : dans certaines cultures européennes, les souverains laissaient pousser leurs cheveux pendant les campagnes militaires, en signe d’engagement prolongé. La figure, dans son élan, conserve cette chevelure comme marqueur de continuité dans l’action, rendant visible la persistance de l’engagement.